Chasseur, cueilleur, parents : notre avis sur ce livre
De précieux conseils pour repenser notre relation avec nos enfants
Chasseur, cueilleur, parent : le livre phénomène qui a beaucoup fait parler de lui, est maintenant disponible dans notre librairie. Découvrez dans cet ouvrage des mines de conseils pour apprendre aux enfants à être responsables, adaptables et coopératifs, à maîtriser leur colère et à être autonomes et sûrs d’eux. Michaeleen Doucleff, l’auteure, est partie à la rencontre de cultures ancestrales (Mayas, Inuits, Hadza en Tanzanie), dans le cadre d’une immersion, à la découverte de leurs secrets pour élever des enfants heureux et équilibrés. Parmi les conseils donnés, bon nombre sont déjà appliqués dans les établissements Steiner-Waldorf, et notamment dans les jardins d’enfants.
Cet ouvrage nous a passionné, tant par les conseils pratiques et accessibles qu’il offre mais également de par le fait que les propositions de l’auteure, basées sur ce qu’elle a observé et ce qu’on lui a expliqué lors de ses séjours auprès de peuples traditionnels, rejoignent bien souvent la manière dont la pédagogie Steiner-Waldorf est appliquée au quotidien, notamment au jardin d’enfants : participation des enfants à la vie quotidienne, encouragement à l’autonomie, aménagement de l’espace adapté, posture de l’enseignant.e qui cherche à créer une ambiance apaisante entre autres choses.
« Un ouvrage salvateur pour résoudre les innombrables conflits qui se lèvent entre parents et enfants. Inspirant et pratique, étayé autant par l’observation et l’expérimentation que par la science. » Isabelle Filliozat
Favoriser la participation des enfants aux tâches quotidiennes
L’auteure insiste sur l’importance d’inclure les enfants dans les tâches de la vie quotidienne, afin d’encourager leur envie naturelle d’aider et de les amener peu à peu à devenir plus responsables et à prendre plus d’initiatives pour aider au quotidien. Au jardin d’enfants, la participation des enfants aux différentes tâches ménagères est un incontournable : c’est dans la joie, bien souvent en musique, qu’ils sont amenés à ranger, plier le linge, mettre la table, balayer, faire la vaisselle… Ils apprennent aussi lors de la réalisation de ces différentes tâches à travailler en coopération.
L’auteure présente un modèle de vie familiale où l’adulte vaque à ses occupations (souvent pleine de sens pour un enfant – des activités ménagères, aux champs, des travaux manuels….) et où l’enfant s’occupe par lui-même, jouant librement, participant à la vie familiale quand le besoin est là, et non pas des familles où les activités sont centrées sur l’enfant (sorties en parc de loisirs, etc.).
C’est ce modèle qui a cours au jardin d’enfants : l’environnement est aménagé de telle manière à favoriser le jeu libre de l’enfant et l’adulte n’intervient pas dans les jeux mais est occupé par des activités qui peuvent susciter l’envie d’imitation de l’enfant (de la cuisine, des travaux manuels, réparer des jouets, bricoler, jardiner…) et auxquelles il est libre de se joindre.
L’auteure pose la question : le rôle de l’adulte est-il de garder l’enfant occupé et amusé ? Ou est-il de lui montrer des compétences utiles dans la vie et de leur appendre comment travailler ensemble avec les autres ? La pédagogie Steiner-Waldorf, à l’instar des cultures traditionnelles, a fait son choix : c’est la deuxième proposition.
Apprendre à bien se comporter : le rôle du modèle et des histoires
Un autre élément important de ce livre est la posture de l’adulte vis-à-vis de l’enfant : comment encourager des comportements positifs ou réagir face à des colères sans crier, sans chantage, sans devoir offrir de récompense.
Les Inuits attendent des enfants qu’ils se comportent mal. Ils n’ont pas d’attente déraisonnable vis-à-vis des enfants et savent qu’un enfant ne peut pas agir et réagir comme un adulte. On le laisse être un enfant et c’est à l’adulte de lui apprendre progressivement à répondre à toutes les frustrations quotidiennes de la vie avec aplomb et confiance. Pour cela, un élément essentiel est que l’adulte interagisse avec l’enfant (qui crie, qui pleure, qui a des demandes incessantes) avec le plus grand calme : ne pas réagir sous le coup de la colère, agir plutôt que parler (enlever un couteau des mains plutôt que de s’exclamer « c’est dangereux, pose cela tout de suite ! »). Cette attitude de calme est aussi celle qui est attendue de l’enseignant au jardin d’enfant – que l’on appelle “jardinier/ière d’enfants”.
L’auteure parle également de l’importance des histoires pour encourager des comportements positifs. Dès le jardin d’enfants, et encore après dans les classes du primaire, les enfants scolarisés en établissements Steiner-Waldorf baignent dans un monde d’histoires. Celles-ci sont porteuses de valeurs fortes : amour, tolérance, courage, fraternité, coopération, entraide, qui sont transmises aux enfants sous forme d’images. Des histoires pédagogiques, pour répondre plus spécifiquement à un comportement (un enfant qui vole par exemple), peuvent aussi être racontées par le professeur pour aider l’enfant à dépasser ce comportement.
L’alloparentalité
Lors de séjours dans la tribu Hadza en Tanzanie, Michaeleen Doucleff a remarqué que l’éducation d’un enfant n’était pas réservée uniquement qu’à la mère – ou aux parents, mais à tout un ensemble de personnes proches « référentes » de tout âge (d’autres enfants plus grands et d’autres adultes). En occident, la cellule familiale nucléaire, réduite aux parents et aux enfants a pour effet de faire peser une charge familiale importante sur le(s) parent(s), charge qui devient parfois écrasante. Elle note ainsi qu’il serait bénéfique, tant pour l’enfant que pour les parents, de s’entourer d’un réseau de personnes de confiance, de tout âge pour éduquer son enfant : nounou, professeur, voisin, membres de sa famille… Elle nomme ce concept “l’alloparentalité”.
Dans les établissements Steiner-Waldorf, cette “alloparentalité” est mise en œuvre de deux manières. Tout d’abord en favorisant les échanges et l’émulation entre enfants de différents âges. Dans les jardins d’enfants se trouvent des enfants de 3 à 6 ans (l’auteure encourage d’ailleurs à créer des structures de type « playgroup » d’âges mélangés), les plus jeunes apprenant de leurs aînés et les plus âgés étant encouragés à aider et accompagner les plus petits. Les écoles regroupent souvent des enfants de 3 à 12 voir 18 ans, et des temps comme les fêtes permettent de favoriser les rencontres entre tous.
Ensuite, en inscrivant la confiance entre les parents et le professeur au cœur de la relation pédagogique. L’enseignant cherche à accompagner chaque famille et à créer une relation authentique basée sur la confiance mutuelle, pour le bien-être de l’enfant.
La méthode “TEAM”
Pour finir, l’auteur résume ses propositions à travers une méthode qu’elle nomme “TEAM”, pour : Tendre camaraderie, Encouragement, Autonomie et Minimum d’ingérence.
D’un point de vue macro, c’est l’adulte qui est en charge de l’organisation du temps familial, les activités sont faites ensemble, l’enfant participant à la vie familiale. Mais d’un point de vue micro, durant ces activités centrées sur la famille, l’enfant a un important degré d’autonomie et l’adulte interfère à minina. Il observe l’enfant et choisit avec attention quand intervenir (situation de danger ou une valeur importante à transmettre – encourager à partager par exemple), et encore il le fait avec délicatesse, en cherchant à encourager plutôt qu’à forcer un comportement. Ce concept s’applique parfaitement au jardin d’enfants Steiner-Waldorf : un rythme est établi par le/la jardinier/ière d’enfants et à l’intérieur de ce cadre fixé par l’adulte, l’enfant est libre de jouer et d’expérimenter, et d’aider en participant à toutes les tâches quotidiennes qui parsèment la journée au jardin d’enfants. L’adulte est là pour créer un cadre, une ambiance, un modèle à imiter propice au développement des compétences psycho-sociales du jeune enfant.
Vous l’avez compris, nous recommandons chaudement la lecture de ce livre qui vous inspirera certainement autant que nous !