Communiqué de presse

suite à l’annonce de la suspension de subventions destinées à l’Ecole Michaël par la ville de Strasbourg

Le 29 janvier 2025, un article de Monsieur Manuel Plantin intitulé “Après deux inspections, l’Ecole Michaël, pédagogie Steiner, épinglée” est paru dans les DNA. Cet article annonce que l’Ecole Michaël se trouve aujourd’hui sous pression après que la ville a décidé de suspendre les subventions de réfection de ses travaux de toiture, ainsi que le paiement des frais de fonctionnement de ses deux classes sous contrat avec l’Etat, à la suite de deux inspections académiques en novembre 2023 et en décembre 2024. Monsieur Plantin cite dans son article de longs extraits de la lettre de mise en demeure reçue par l’Ecole Michaël en novembre 2024, cette dernière étant restée sans nouvelles du rectorat pendant plus d’un an. A ce jour, l’Ecole Michaël n’a pas été notifiée officiellement de la suspension de ces subventions.


Une temporalité de l’envoi de la mise en demeure qui interroge

L’Ecole Michaël a été inspectée le 12 octobre 2023. La question de la temporalité de cette mise en demeure se pose, puisqu‘elle a été notifiée à l’école plus d’un an après l’inspection, soit le 12 novembre 2024.

A ce jour, l’école n’a pas reçu le rapport d’inspection sur lequel se fonde cette mise en demeure. Son directeur administratif déplore un courrier en « total décalage avec les observations faites par les inspecteurs lors de leur visite » en octobre 2023.

Une transmission problématique de la mise en demeure à la presse

Comment et pourquoi cette mise en demeure est-elle arrivée entre les mains du journaliste des DNA ?

Une utilisation politique de la mise en demeure pour suspendre les subventions

Les subventions allouées à l’Ecole Michaël concernent :

  • la rénovation du toit de l’école, un bâtiment classé, alors que les frais sont déjà engagés
  • la part des frais de fonctionnement que la mairie verse à toutes les classes sous contrat avec l’Etat, et donc sans lien avec la mise en demeure qui ne concerne que la partie hors contrat de l’école.

A la suite à la parution de l’article des DNA, Madame Pernelle Richardot s’est immédiatement félicitée sur X de la suspension de ces subventions, qu’elle a attribuée à son action coordonnée, entre autres, avec le soutien des deux recteurs successifs de l’académie de Strasbourg, Messieurs Olivier Faron et Olivier Klein. Monsieur Faron l’a remerciée à son tour en l’appelant « Chère @PernelRichardot » :

Une présence contestée des établissements Waldorf dans le rapport de la Miviludes

Madame Richardot annonce vouloir faire fermer les établissements Waldorf. Elle justifie cette volonté par la présence de la pédagogie Steiner-Waldorf dans le rapport de la Miviludes. Celle-ci y figure au motif qu’elle présenterait un risque potentiel1 (sic) de dérive sectaire, et ce alors même que la Miviludes reconnaît n’avoir jamais constaté de dérive, malgré une surveillance constante des écoles Waldorf.

En outre, la Miviludes le rappelle elle-même d’emblée dans l’introduction de son rapport : elle ne dispose d’aucun pouvoir d’enquête.2 Son travail consiste donc à rassembler des questions, ainsi que des dénonciations, sans le pouvoir d’enquête qui lui permettrait de déterminer si elles sont ou non calomnieuses.

De plus, les écoles Steiner-Waldorf n’ont pas accès aux saisines, elles ignorent ce qui leur est reproché, et sont impuissantes à remédier à un manquement éventuel, ce qui a également pour conséquence un non-respect du principe élémentaire du contradictoire. La vérification de la véracité des témoignages par la Miviludes est donc impossible et cela ouvre la porte à de la malveillance et aux dénonciations calomnieuses.

La présence des écoles Waldorf dans ce rapport est fondée presque exclusivement sur les seules affirmations d’un bloggeur, Monsieur Grégoire Perra, dont l’honnêteté intellectuelle est contestée dans une série d’articles.

Enfin, la Miviludes, sous l’égide du ministère de l’Intérieur, semble autoriser les médias, les élus, les rectorats et les détracteurs à condamner sans appel et sans preuves les écoles Waldorf.

Des inspections brutales

Les écoles Waldorf regrettent le refus de dialogue qui caractérise de plus en plus les inspections académiques. Celles-ci ont normalement pour but de permettre aux équipes éducatives de s’améliorer. Or, depuis quelques années, les inspections dans les écoles hors contrat semblent changer de nature :

  • Elles se passent dans un climat de suspicion, et dans des conditions éprouvantes pour les élèves et les équipes éducatives. Or, à l’occasion de l’interpellation de la collégienne burkinabée par des gendarmes dans un établissement scolaire, Madame Borne a rappelé que le rôle des chefs d’établissement était de préserver un environnement éducatif serein pour leurs élèves. Quand une dizaine d’inspecteurs débarquent inopinément pour inspecter deux classes, comme cela a été le cas le 3 décembre dernier à l’Ecole Michaël, le chef d’établissement n’est pas en mesure de préserver les élèves et ses équipes. 
  • Ces inspections sont désormais suivies de mises en demeure, sans que les écoles aient systématiquement accès aux rapports d’inspection qui ont donné lieu à ces mises en demeure, ce qui paraît hautement problématique. Rappelons que la sanction encourue par un chef d’établissement à la suite d’une mise en demeure peut aller jusqu’à un an d’emprisonnement.
  • L’absence de critères objectifs sur lesquels reposent ces inspections et le refus de prise en compte de la pédagogie propre des établissements hors contrat rendent l’exercice très difficile.

Certains pédagogues témoignent que des inspecteurs ont ricané au fond de la classe, n’ont pas écouté les explications des professeurs et ont posé des questions déplacées aux élèves. Un inspecteur a ouvert sans son accord le sac à main d’une enseignante et a examiné ses effets personnels.

La Fédération appelle au professionnalisme et à la bonne foi des inspecteurs devant les explications des pédagogues pendant leurs visites. En outre, une formation aux différentes pédagogies alternatives serait souhaitable, à l’image de ce qui se fait dans d’autres pays européens, comme l’Angleterre et les Pays-Bas. Cela s’inscrit dans le cadre de la liberté de choix pédagogique des parents garantie par l’article 26 de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, et par l’article 14 de la Charte des Droits Fondamentaux de l’Union européenne.

La Fédération a demandé à rencontrer le recteur de l’académie de Strasbourg, Monsieur Olivier Klein, afin d’éclaircir ces points. Elle n’a pas encore reçu de réponse.  

 


1 “Les informations données n’ont pas non plus vocation à cibler tel ou tel mouvement en particulier mais font objectivement état des saisines et témoignages reçus par la MIVILUDES à l’égard des risques potentiels, tout en retraçant leur origine et leur évolution et en informant sur les démêlés judiciaires dont certains mouvements ont déjà fait l’objet.” (Rapport d’activité 2021 | MIVILUDES consulté le 30/01/2025)

2 “En conjuguant sa connaissance et son expérience du phénomène sectaire, fruit de près de vingt ans d’expertise sur le sujet, à celles de ses partenaires, la MIVILUDES peut coordonner avec un maximum d’efficacité – et ce alors même qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir d’enquête – la lutte contre ce fléau dont le grand public discerne encore trop mal l’ampleur et les délimitations” (Rapport d’activité 2021 | MIVILUDES consulté le 30/01/2025)