

L’art au lycée
Une idée de thèmes à travailler selon la pédagogie Waldorf
L’art au lycée Waldorf est est enseigné de manière à accorder les contenus pédagogiques avec les diverses phases que traversent les enfants dans leur biographie. Voici des exemples de thématiques proposées aux élèves, notamment en peinture et en modelage, dans les classes de fin de collège et de lycée, par Sylvia Zillig, professeur d’art dans la pédagogie Steiner-Waldorf.
9e classe (15 ans) – Vivre les contrastes et les polarités
Dans l’étape d’évolution que vivent les élèves, il est besoin de vérités absolues : aussi la question de l’art se réduit-elle, en peinture, à celle des contrastes et des polarités : c’est le travail du noir et blanc qui est conseillé. Les élèves ont besoin d’en faire une expérience concrète, d’expérimenter le mouvement avec cette approche concrète.
Il s’agira donc d’exercer leur sens de l’observation, déjà sollicité par des exercices en 7e et 8e classe, pour des ambiances en noir et blanc. Pour éduquer ce regard qui oscille entre « tout » ou « rien », il importera d’attirer leur attention sur le détail, ou l’aspect dont ils doivent tenir compte. Il sera aussi possible d’exercer la faculté de dessiner quelque chose en s’appuyant uniquement sur la mémoire.
En modelage, le thème des polarités et contrastes est abordé également au travers du vécu dans le processus de travail : en s’efforçant de modeler un animal, tout d’abord leur vécu les aide à avoir un lien avec ce monde des animaux, qui se prête bien à un travail sur les formes. D’abord timidement, puis en élaborant quelque chose qui tienne debout sans aide supplémentaire : le travail de montage d’une pièce en terre sera un échec, si l’on ne suit pas les consignes ! Si l’observation de départ n’a pas été faite correctement, ou si l’élève n’est pas vraiment présent et attentif dans son travail, l’animal ne tiendra pas debout, et son auteur vivra un dur réveil par les contraintes de la matière, chaque effet ayant une cause !
10e classe (16 ans) – Les sentiments et l’art
En 10e classe, l’orientation du travail est donnée par la recherche et la découverte des sentiments. Par exemple, essayer, par le biais des sentiments qu’ils provoquent en nous, d’établir un lien entre les cinq sens et une activité artistique comme la peinture. Cette activité sera bien entendu enrichie par tous les vécus de chacun, en lien avec la couleur. Qu’il s’agisse de peindre un bruit, un parfum, ou autre chose, pour citer deux exemples !
Tous les sentiments ont une couleur. Le départ de ce travail paraît souvent bien terre à terre : on commence par établir une liste de sentiments, des liens sont établis, dans une concertation collective, avec certaines couleurs, pour avoir une base commune à tout le groupe.
Cette recherche va de pair avec ce qui est proposé en modelage, où l’on aborde le corps humain : là, il importe d’être précis dans la forme, la taille, la proportion des membres… mais aussi dans le geste de ce corps, en lien avec les sentiments ! L’ébauche du départ demandera une élaboration plus fine dans la durée.
Cette dualité sentiments/couleurs sera utilisée dans toutes sortes d’exercices : par exemple dans la peinture de corps humains, avec des thèmes tels que : la rencontre, la danse, la petite enfance, la maternité…
11e classe (17 ans) – En chemin vers l’abstraction

Le moment est venu d’aborder l’abstraction. Et pourtant… il s’agit de commencer doucement, pour prendre en compte la maturité des élèves. Sont-ils prêts à faire le pas ? Quelques approches vont permettre de tâter le terrain et voir si la classe est prête à s’embarquer dans les exercices préconisés par Kandinsky (ou les artistes du Bauhaus), autour de trois éléments de base : point / ligne / plan.
La maturité de la classe est absolument nécessaire, sinon les élèves seront dans l’incompréhension par rapport à ces éléments de base. Pour les guider, des exercices seront proposés pour les amener à vivre ce qu’est une composition, ce qu’est un équilibre.
Il sera aussi possible de libérer ce travail des simples consignes données par Kandinsky, et de passer à l’abstraction pure dans l’image. Il est aussi possible de faire un détour par Klee et Mondrian, deux auteurs également liés à ce cheminement vers l’abstraction.
12e classe (18 ans) – A la recherche de son individualité
La 12e classe orientera sa recherche vers l’individualité. Il s’agira de faire des portraits dans tous les sens du terme : que ce soit la caricature, ou divers jeux artistiques, le but est d’arriver à… une tête humaine, pourvue d’expression ! L’objectif est aussi d’arriver à libérer l’élève de ses apprentissages précédents… qui lui ont appris… un certain perfectionnisme figé !

Car effectivement, dès la 7e ou la 8e classe il a aimé aborder le thème du portrait, mais souvent de manière schématique, figée. L’objectif est, désormais, d’arriver à une image représentant le caractère d’une personne, en même temps que ses traits de visage, en quelques sortes il s’agit de mettre une âme dans un visage !
Il est ensuite possible de finaliser ces études par un travail plus consistant : par exemple, un grand portrait (ou autoportrait) à l’aquarelle ! Le modelage se fera autour du même thème, mais en trois dimensions, ce qui complètera l’expérience qui a pu être faite en peinture.