
La fête de la Saint-Jean
Célébrer la lumière, à la croisée du païen et du religieux
La Saint-Jean est célébrée le 24 juin de chaque année, quelque jour après le solstice d’été (21 juin), marquant le jour le plus long de l’année. C’est une fête à la croisée des cultures, entre spiritualité chrétienne et traditions populaires anciennes. Elle célèbre la lumière, la purification et le passage des saisons. Elle est toujours fêtée dans de nombreux villages en France ainsi que dans le monde entier (célébrations de Midsummer dans les pays nordiques par exemple).
La signification de la Saint-Jean
Avant tout, la Saint-Jean a des origines païennes : elle s’inscrivait dans des traditions solaires et saisonnières. On célébrait le solstice d’été, le jour le plus long de l’année, marquant le plein pouvoir du soleil.
Dans de nombreuses cultures antiques (les Celtes et la fête de Litha, Midsommar pour les vikings par exemple), ce moment était célébré par des feux rituels pour honorer la lumière. Les grandes flammes étaient censées éloigner les mauvais esprits, protéger les champs et favoriser la fertilité de la terre, notamment en répandant sur ceux-ci les cendres. Sauter au-dessus du feu était un geste de purification, de protection et parfois de présage sur l’avenir (mariage, moisson, santé).

Les chrétiens ont intégré ces pratiques dans la fête de Jean-Baptiste, en remplaçant le culte du soleil par la lumière divine. On célèbre alors Jean-Baptiste, cousin de Jésus né six mois avant lui (d’où la date de la Saint-Jean au 24 juin, 6 mois avant Noël).
Jean-Baptiste est le précurseur de Jésus-Christ. Il prêchait la conversion et baptisait les fidèles dans le Jourdain, annonçant la venue du Messie. Il est en quelque sorte celui qui éclaire le chemin vers le Christ, tout comme le feu de la Saint-Jean éclaire la nuit.
L’Eglise va également attribuer une dimension spirituelle à cette célébration en s’appuyant sur un passage de l’Évangile : « Il faut que Jésus grandisse et que moi [Jean], je diminue » (Jean 3, 30). Ces paroles de Jean Baptiste traduisent à la fois sa volonté de passer le relais de sa mission prophétique au Fils de Dieu et symbolisent le changement de cycle, marquant le début du raccourcissement des jours (qui commence après le solstice d’été).
Cependant, la signification chrétienne n’a jamais vraiment réussi à prendre le pas sur le sens païen, et c’est toujours bien l’apogée du soleil qui est célébré encore aujourd’hui dans de nombreux villages.
Les célébrations de la Saint-Jean
Dans de nombreux villages français, la Saint-Jean est une fête populaire marquée par des traditions anciennes, la plus connue et répandue étant les feux de la Saint-Jean. De grands feux de joie sont allumés, autour desquels les habitants se réunissent pour chanter, danser et parfois sauter par-dessus les flammes, un geste censé porter bonheur. Des bals en plein air et des concerts sont souvent organisés.

Ces célébrations ont lieu partout en France, chaque village perpétuant ses propres traditions, mais l’essence restant la même : célébrer la lumière (par l’allumage d’un grand feu) ainsi que la communauté (bals, défilés aux flambeaux, transmission d’une flamme de village en village, comme celle partant du Mont Canigou – Pyrénées – jusqu’à Aix en Provence).
En Provence, par exemple, une grande fête a lieu autour du Mont Ventoux. À Bédoin, village situé au pied du Mont Ventoux, les festivités débutent généralement par la “Recampado”, une réunion communautaire où chacun apporte son fagot ou une brassée de genêts pour alimenter le bûcher installé, devant la chapelle Ste-Croix au sommet du Mont Ventoux. Le feu est allumé le 23 juin, au soir, et son éclat, visible depuis les plaines environnantes, sert de signal à l’embrasement de nombreux autres feux de la région.
On cueille toujours à cette période les herbes de la Saint-Jean (armoise, la joubarbe, le lierre terrestre, la marguerite, l’achillée millefeuille, le millepertuis et la sauge), , car on leur attribue ce jour-là des vertus médicinales, magiques et protectrices.
“Saint Jean ! Saint Jean ! Saint Jean ! s’écriaient-ils.
“Toutes les collines étincelaient
“Comme s’il avait plu des étoiles dans l’ombre !
“Cependant la rafale folle
“Emportait l’encens des collines
“Et la rouge lueur des feux
“Vers le Saint planant dans le bleu crépuscule.”Frédéric Mistral “Mireille”
La Saint-Jean dans les écoles Steiner-Waldorf
Cette fête fait suite aux différentes fêtes des écoles Waldorf qui sont célébrées durant l’année (Saint Michel, Saint Martin, Avent, Carnaval) et qui rythment ainsi les saisons. Les festivités s’organisent en extérieur : jeux, bals, repas partagé et bien sûr allumage d’un grand feu de joie autour duquel parents et amis de l’école vont chanter. Ensuite, lorsqu’il s’est déjà bien consumé, chacun a la possibilité de sauter par-dessus les braises. Le moment de sauter au-dessus du feu requiert de puiser dans son propre courage et de dépasser un cap, alors que l’année scolaire touche à sa fin.
La Saint-Jean est la dernière fête de l’année scolaire. La chaleur, la lumière et la joie cultivés pendant cette fête accompagneront les élèves jusqu’à la rentrée scolaire, où ils vivront les derniers instants de l’été avant d’accueillir l’automne à la Saint-Michel.