L’éducation aux médias en milieu scolaire

Un article récent paru dans le journal italien Corriere della Sera (le quotidien le plus diffusé d’Italie) pointe les dangers des écrans sur les enfants (en rappelant les directives de l’OMS sur la consommation d’écrans par les enfants en fonction des âges) et met en avant les choix pédagogiques quant à cette question fait par les parents les plus aisés. Ceux-ci s’orientent vers des écoles où l’expérimentation avec le réel est privilégiée chez les jeunes enfants et où les outils informatiques sont introduits progressivement – à l’instar des écoles Steiner-Waldorf citées par l’article. 

Un temps d’écran révélateur

La journaliste commence par remarquer que la fracture numérique s’est inversée : alors qu’avant la distinction se faisait entre adolescents de familles aisés ayant accès à Internet et ceux de leurs pairs plus modestes sans accès, aujourd’hui ce sont les enfants de familles les plus modestes qui sont le plus exposés aux écrans tandis que les familles à revenus plus élevés (et particulièrement les cadres de l’industrie technologique de la Silicon Valley) ont tendance à tenir à l’écart leurs enfants de l’hyperstimulation numérique, et font des choix pédagogiques en conséquence, se traduisant notamment par des choix d’écoles privées

Des écoles sans écran

L’auteur présente ainsi la pédagogie Steiner – Waldorf, plus grand courant pédagogique mondial avec 3 200 établissements répartis sur les 5 continents, dont les écoles qui en sont issues sont plébiscitées par les parents souhaitant une approche progressive et raisonnée de l’utilisation des outils numériques. Pour les plus jeunes, cette pédagogie propose une approche fondée sur l’interaction avec le réel (large place accordée à la nature avec des temps de jeux libres en plein air et un environnement qui favorise les matériaux naturels – bois, pierre, soie, laine…) et l’importance de la construction des relations sociales (notamment par le jeu libre). Au primaire, c’est encore l’expérimentation dans la vie réelle qui est au centre des enseignements : l’article cite en exemple l’apprentissage des fractions qui va se faire en partageant des fruits et des gâteaux en parts égales. L’important étant de développer la pensée créative des enfants, base de la libre pensée qui émergera à l’adolescence. Les élèves sont initiés aux outils informatiques et numériques au cours de leurs années du collège, ce qui n’empêche nullement qu’ils arrivent à acquérir une parfaite maitrise de ceux-ci : on voit souvent des réalisations dans le domaine numérique (création d’un site internet, montage vidéo…) lors des chefs d’œuvre de fin de cycle. A côté de cet apprentissage des outils informatiques à partir du collège, un programme d’éducation aux médias est proposé dès le jardin d’enfants de façon approprié à chaque âge.

L’article pointe du doigt le coût très élevé de ces écoles aux Etats-Unis, les réservant à une élite. En France, les écoles Steiner – Waldorf s’efforcent au maximum d’être accessibles au plus grand nombre, notamment avec des frais de scolarité qui varient en fonction des revenus du foyer.

Il est certain que la pédagogie Steiner – Waldorf s’inscrit dans l’idée qu’il est essentiel d’accompagner les enfants vers un bon usage des écrans, adapté à leur âge.  Il est aussi du ressort des adultes, parents et pédagogues, d’en limiter leur usage afin de favoriser au maximum le lien au réel ainsi qu’à la nature mais aussi encourager l’expérimentation en tant que base d’une connaissance durable et permettre enfin une véritable ouverture sur le monde.

Si vous souhaitez approfondir la question, le livre Grandir en bonne santé à l’ère du numérique vous apportera des conseils pratiques pour savoir comment gérer les outils numériques, âge par âge, basés sur des études scientifiques quant aux effets de l’exposition aux écrans sur le développement des enfants.