Communiqué de presse
suite aux dernières actualités de notre réseau
Au cours de l’année scolaire qui vient de s’écouler, la grande majorité des établissements Waldorf ont été inspectés que ce soit au niveau académique, administratif ou financier. Certains l’ont été dans des conditions très éprouvantes, à la fois pour leurs élèves et les équipes pédagogiques. Plusieurs établissements ont reçu des mises en demeure qui sont venues déstructurer leur fonctionnement et leurs emplois du temps pour des raisons parfois bureaucratiques, voire d’un autre temps, à l’image des écoles alsaciennes, désormais sommées de se mettre en conformité avec une loi locale datant de 1873… Deux événements marquants viennent conclure cette année scolaire : la fermeture administrative d’une classe dans une école de notre réseau, et la condamnation du président de l’association des parents et anciens élèves des établissements Waldorf (Association Nationale pour la Promotion et l’Avenir de la Pédagogie Steiner-Waldorf), M. Nicolas Tavernier.
Fermeture d’une classe élémentaire à l’école Arc-en-Ciel de Pau
À partir du 7 juillet 2024, l’école L’Arc-en-ciel qui accueille actuellement une trentaine d’élèves âgés de trois à huit ans, va perdre une classe élémentaire, à la suite de deux inspections inopinées très rapprochées qui ont eu lieu toutes deux lors de jours de fête (printemps et automne). Nous saluons la rigueur avec laquelle l’équipe administrative et pédagogique a répondu aux différentes injonctions qui leur ont été faites.
Dans le cadre de la procédure à la suite de la mise en demeure de l’établissement par le rectorat, l’école a produit des observations longues d’une cinquantaine de pages pour revenir, point par point sur chaque reproche formulé par l’administration. Celles-ci ne semblent pas avoir été prises en compte, pas plus que les spécificités de la pédagogie Steiner-Waldorf, appliquée pourtant avec succès dans le monde entier.
Le rythme des apprentissages est différent dans notre pédagogie, à l’image des pays nordiques par exemple, dont cet article récent du Figaro fait l’éloge. La méconnaissance du droit de l’enfant à l’instruction obligatoire, évoquée par la décision administrative, semble s’appuyer sur une absence de prise en compte de nos spécificités pédagogiques. L’école a fourni entre autres les attestations des directrices de deux écoles environnantes, ainsi que celles de parents d’élèves témoignant des très bons résultats des élèves, dès leur arrivée dans leurs nouvelles écoles. Rappelons aussi que les établissements Waldorf qui préparent au bac ont d’excellents résultats.
Un recours de cette décision de fermeture est à l’étude. Nous vous relayons ici le communiqué de presse rédigé par l’école.
Condamnation de M. Nicolas Tavernier, poursuivi pour diffamation et injure à l’égard de M. Perra
M. Nicolas Tavernier, président de l’ANPAPS a été poursuivi par Grégoire Perra pour diffamation et injure publique à la suite d’un billet d’humeur publié sur le site de l’ANPAPS en février 2023. Il le décrivait comme un “fieffé menteur” et un “agresseur sexuel” et l’accusait de s’être embarqué dans une “croisade revancharde contre les écoles Steiner-Waldorf”. Au cours de l’audience de ce procès, le 13 juin dernier, il s’est étonné du poids très important accordé par la Miviludes dans son dernier rapport (2021) à la parole de M. Perra.
Alors même que les témoins cités par M. Tavernier l’avaient été pour évoquer précisément les accusations faites à l’encontre de M. Perra (une élève avec laquelle M. Perra a eu une relation intime, le directeur pédagogique qui l’avait prié de démissionner suite à une révélation d’attouchements qu’aurait commis M. Perra sur une élève mineure, et un journaliste, auteur d’un article intitulé “L’imposture Grégoire Perra”), le conseil de M. Perra s’est contenté de leur demander de répondre de leur lien à l’anthroposophie. Un tel procédé interpelle.
La décision rendue par le Tribunal judiciaire d’Evreux a conduit à une condamnation d’une exceptionnelle dureté envers M. Tavernier (5 000€ d’amende avec sursis, 3 000€ de préjudice moral et 10 000€ de frais de justice). Au-delà même de cette condamnation, c’est son caractère extraordinairement sévère qui interroge véritablement. Celle-ci tranche avec la jurisprudence habituelle des juridictions en matière de droit pénal de la presse et de délit d’expression.
La Fédération honore le courage de toutes les personnes qui sont passées à la barre pour permettre d’établir la véracité des dires de M. Tavernier. Nous espérons que Nicolas Tavernier, en défense, trouvera la force d’interjeter appel dans le contexte de l’invraisemblable violence à laquelle toute personne qui ose contester les dires de M. Perra se trouve confronté.
Nous vous relayons ici le communiqué de presse de l’ANPAPS suite à la condamnation de son président.
Opacité du rapport de la Miviludes
Aucun dialogue ni visibilité
Les principales attaques médiatiques auxquelles sont soumis nos établissements sont justifiées par la présence de la pédagogie Steiner-Waldorf dans le rapport de la Miviludes. Par le passé, la Fédération Pédagogie Steiner-Waldorf en France a rencontré à plusieurs reprises la Miviludes mais depuis son rattachement au ministère de l’intérieur en 2020, elle ne parvient plus à obtenir cet espace de dialogue. Un premier rendez-vous a été annulé, et depuis, plus aucune réponse n’est faite à ses courriers.
La Fédération a donc fait une demande auprès de la CADA (Commission d’Accès aux Documents Administratifs) pour obtenir la teneur des saisines comptabilisées à l’encontre de la pédagogie Steiner-Waldorf (rappelons qu’une saisine peut consister en une simple demande de renseignements). La CADA a enjoint à la Miviludes de communiquer ces saisines, mais cette injonction a été ignorée. La Fédération a donc entamé une procédure auprès du tribunal administratif, qui est en cours actuellement. Notons que d’autres organisations, elles aussi présentes dans le rapport, ont obtenu la communication de dossiers et saisines ici, et que la Miviludes a été condamnée le 14 juin dernier dans le cadre d’un procès en diffamation.
Un témoignage à prendre “avec une certaine prudence”
La Fédération désire comprendre les raisons du maintien des établissements Waldorf dans ce rapport, la Miviludes elle-même ayant reconnu n’avoir jamais constaté la moindre dérive sectaire en leur sein. Faute d’avoir accès à la teneur des saisines, la Fédération ne peut que constater la très grande place accordée dans le rapport de la Miviludes au témoignage de M. Perra, alors que l’Inspection Générale de l’Education du Sport et de la Recherche et l’Inspection Générale des Affaires Sociales recommandent pourtant de leur côté de prendre “avec une certaine prudence” les propos “extrêmement critique(s)” de M. Perra, tant celui-ci “semble focalisé sur le sujet (au point, par exemple, d’attribuer l’introduction du « chef-d’œuvre » dans la réforme de la voie professionnelle à une influence de l’anthroposophie elle-même”. (page 121 de la Mission d’expertise sur l’avenir des jardins d’enfants).
Ajoutons que de très nombreux témoignages existent, qui mettent en question la parole de M. Perra, à l’image de ces réactions à une enquête de la cellule d’investigation de RadioFrance, datant de 2021, et qui a donné lieu à de très nombreux courriers publiés par la Médiatrice. Par équité, ceux-ci aussi devraient recevoir de la visibilité.
De sévères préjudices
La présence de la pédagogie Steiner-Waldorf dans le rapport de la Miviludes est très clairement préjudiciable aux établissements Waldorf. La Miviludes alerte proactivement les élus locaux et les inspections académiques contre les risques de dérives au sein de certains établissements scolaires, comme l’a expliqué le Chef de la Miviludes dans un entretien à Charlie Hebdo (notre pédagogie étant la seule à être reprise dans son rapport, nos établissements sont donc directement visés). Elle partage aussi sur ses réseaux des éléments entièrement à charge contre notre pédagogie, comme cette production vidéo très discutable. Notre présence dans le rapport a également pour conséquence qu’une certaine presse s’autorise à publier des articles critiques et parfois factuellement erronés au sujet de notre pédagogie, comme l’a constaté le CDJM à plusieurs reprises. Enfin, un réseau particulièrement virulent de détracteurs de notre pédagogie appelle les élus locaux, les inspections académiques et les rectorats à faire fermer nos établissements, harcèle tout journaliste qui publie des articles équilibrés sur notre pédagogie et intimide les parents et les anciens élèves qui témoignent de leur satisfaction envers nos établissements.
La liberté pédagogique en danger
Les autres pédagogies alternatives prodiguées dans des écoles privées hors contrat sont aussi touchées en France, en particulier depuis la promulgation de la loi Gatel en 2018. Plusieurs articles de presse ont détaillé le déroulement “musclé” des inspections académiques parfois qualifiées de “commando” dans de nombreuses écoles privées hors contrat. Une école démocratique vient très récemment d’obtenir la suspension de l’injonction de fermeture qui lui avait été signifiée, dans des conditions très similaires à celles de l’Arc-en-Ciel. L’instruction en famille aussi est mise à mal depuis la loi du 24 août 2021, de plus en plus de familles se voyant refuser la possibilité d’instruire leurs enfants en dehors des écoles, au point que le Conseil des droits de l’homme, s’en est ému lors de sa dernière revue périodique universelle, et qu’il a recommandé à la France de “modifier sa législation pour donner aux parents davantage de liberté quant à l’instruction de leurs enfants” (Rapport A/HRC/54/5, article 45.155).
Nos enfants sont l’avenir de notre société, laissons leurs familles décider de l’éducation qui leur convient le mieux – dans le respect des valeurs de la République, mais aussi de celui de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme qui leur garantit explicitement ce droit…